Mis en avant

Le pouvoir intérieur

Les êtres humains portent en eux à la fois la sagesse du « prédateur » et celle de la « proie ». Cette sagesse, notre sixième sens, a parfois été perdue/abandonnée en nous pour différentes raisons. Notre pouvoir intérieur réside dans notre capacité d’équilibrer ces deux sagesses à l’image du ying (vulnérabilité) et du yang (force). Deux postures qui semblent s’opposer, mais qui en fait sont complémentaires. À l’aube de cette nouvelle année, observons avec énormément de douceur et de compassion/auto-compassion (signification de Karuna) les fondations sur lesquelles nous nous sommes érigées.

Selon Linda Kohanov, pionnière de l’apprentissage expérientiel facilité par le cheval, le défi est de développer la force de votre « Lion intérieur » sans le laisser s’ébattre en tous sens d’une manière dangereuse. Si vous n’avez pas assez de lion, les gens vous marcheront dessus, et vous manquerez de la conviction et de la détermination nécessaires pour réaliser vos rêves, protéger vos limites, préserver votre bien-être. Si vous avez trop de lion, vous perdrez la sensibilité, votre connexion à vous-même, la richesse de vos ressentis, la capacité à vivre de saines relations réciproques et le potentiel de votre pouvoir créateur qui sommeille en chacun d’entre nous.

Les chevaux ont beaucoup à nous enseigner afin d’acquérir cet alignement intérieur entre la soumission et l’agression. Être en présence des chevaux nécessite l’apprentissage de cet équilibre entre la force et à la fois la sensibilité. Développer la force du lion nous aide à avoir le courage de ressentir et la volonté d’agir. Le lion ne refoule pas ses émotions, pas plus qu’il ne laisse celles-ci le paralyser, le freiner. Le cheval utilise son instinct de possible proie, très sensible, pour détecter une agression, même la plus subtile (déguiser parfois sous des masques, des faux-semblants) et utilise son esprit agile de non prédateur, pour ressentir, surveiller et devancer certains prédateurs. Encore faut-il qu’il se fasse confiance tout comme nous …

« Lorsque vous utilisez votre corps tout entier pour ressentir, vous étreignez le monde et vous ressentez plus profondément la place que vous y tenez ».[1]

Le langage du corps est beaucoup plus complexe que nous n’avons été amenés à le croire. Les psychologues ont déterminé que même chez les êtres humains, 90% de la communication est non verbale.[2]

Les personnes qui ont été conditionnées à se dissocier de leur corps, soit la majorité d’entre nous, et à se concentrer uniquement sur ce qu’on leur dit – les pensées/les cognitions (le discours sans les sensations, ni les émotions) perdent une énorme quantité de renseignements transmis. Les humains débranchent l’esprit du corps, surtout pour se conformer à son environnement social. Est-ce que MAINTENANT cette stratégie est encore utile et efficace pour votre lion intérieur (votre pouvoir intérieur) ?

En tant qu’animaux pouvant être chassés comme proies, les chevaux s’appuient sur ce « sixième sens » pour survivre. Ils sont si sensibles à ce qu’ils ressentent qu’ils peuvent, à distance, refléter exactement les émotions qu’une personne parvient à dissimuler à son entourage. Les chevaux présentent une remarquable acuité émotionnelle. Non seulement leur sensibilité est-elle extrêmement affinée mais en plus ils n’ont aucune petite voix intérieure pour étouffer les messages entrants importants.  Quel est votre dialogue intérieur, quel message esquivez-vous consciemment ou inconsciemment qui pourrait vous être utile/bénéfique ?

D’un point de vue équin, aucune émotion n’est bonne ou mauvaise. L’émotion est simplement une forme d’information, à laquelle nous, être humain, « fusionnons ». Invisible et pourtant puissant et porteur d’informations, l’émotion qui émane de chacun d’entre nous affecte physiquement les autres, comme les cordes d’un instrument se mettent à vibrer sans avoir été touchées. Elles résonnent « par sympathie ».

Daniel Goleman, psychologue spécialiste de l’intelligence émotionnelle, cite de nombreuses études montrant que la tension artérielle d’une personne s’intensifie lorsqu’elle tente de réprimer l’émotion qu’elle ressent et ceux qui interagissent avec cette personne voient eux aussi leur pression sanguine augmenter significativement. La bonne nouvelle c’est que les émotions dites « positives » sont contagieuses, elle aussi.

La plupart du temps, cet échange se déroule de façon inconsciente parce que nous nous sommes entraînés à ignorer les messages de notre corps d’où l’importance du soi authentique et de développer notre lion intérieur. La plus grande partie de l’information est transmise inconsciemment entre les êtres humains, qui continuent pourtant de prendre les mots au pied de la lettre, malgré les preuves de l’insuffisance, voire de l’inefficacité de ce seul canal.

Si nous reculons face à un cheval, animal de proie, il sait alors que nous sommes comme en son pouvoir. Quand notre corps dit : tu peux me bousculer. Est-ce qu’il y a une résonnance dans certaines de vos relations sociales ? Au fur et à mesure que nous devenons de plus en plus conscients de cette dimension non-verbale de la relation, nous commençons à comprendre à quel point nous envoyons ainsi et trop souvent des messages ambigus aux animaux comme aux humains. Combien de fois avons-nous mis des limites dans certaines de nos relations pour finir par être encore plus envahis ?

Mon rôle de médiatrice équine chez Cheval Karuna et d’enseignante de psychologie, est d’œuvrer auprès des humains afin de les aider à se réconcilier avec cette partie d’eux-mêmes oubliée, abandonnée, afin de connecter à nouveau, dans un espace sécuritaire, faire émerger dans le champ de la conscience les puissants messages du corps, grâce au reflet des chevaux, afin de se reconnecter avec cette sagesse du « prédateur » et de la « proie » notre pouvoir intérieur, au profit d’une liberté retrouvée.

Les chevaux sont des alliés. Ils ressentent ce que vous dissimulez consciemment ou non tentant de préserver des parties/aspects de vous-mêmes dans le respect de votre psyché (c’est une question de survie). Ils peuvent aussi indiquer quand une intention diffère de son désir profond. Ces animaux réagissent à ce que le cœur veut, ce que le cœur émane afin de réconcilier la tête et le cœur en « guerre » causant une souffrance.

Dès qu’une congruence survient, un message authentique, une prise de conscience, par nos différents canaux de communication, les chevaux se détendent visibles grâces à différents signaux d’apaisement. Ce qui explique pourquoi nombreux d’entre vous quittent en ressentant ce sentiment de détente du corps après une séance.  

L’intelligence émotionnelle (du cœur, du soi authentique, permettant d’accueillir émotions dites « positives/négatives ») nous enseigne à transcender cette orientation rationnelle reposant uniquement sur la pensée et à renouer avec nos perceptions, nos sensations et nos émotions, uniques, singulières et légitimes. Cette compréhension du cœur nous permet de vivre profondément l’aspect affectif de la vie, celui qui émeut notre âme et qui nous ramène là où nous notre être vibre entièrement.

Quelle sagesse devez-vous davantage mettre de l’avant cette année « prédateur » vs « proie » ?

Que cette nouvelle année soit le tremplin pour déployer votre pouvoir intérieur.

Sincèrement,

Caroline Martel

Enseignante de psychologie

Médiatrice équine – Cheval Karuna

Site Web : chevalkaruna.com

Info : chevalkaruna@gmail.com


[1] Kohanov, Linda. La voie du cheval, Le courrier du livre, Paris, 2007, 350 p.

[2] Communiquer et interagir, Chenelière éducation, Montréal, 2016, 322 p.

Le changement

Citation :

« Rien n’est impossible, seule les limites de nos esprits définissent certaines choses comme inconcevables ». – Marc Levy

Il est bien souvent difficile de changer, d’amorcer un premier pas de danse, de mouvement dans une direction souhaitée. Les chevaux, entre eux, un moindre micro-mouvement (une oreille, un regard, une intention, etc.) suscitent un changement de direction de l’ensemble des membres du troupeau.

Nous, les humains, nous attendons le moment optimal, la meilleure disposition mentale (mindset) et de rassembler l’ensemble de notre énergie disponible avant d’entamer ce premier pas (lundi ? 😊). Une fois celui-ci amorcé, nous sommes bien souvent en lutte intérieure afin de maintenir ce mouvement, bien que dans d’autres circonstances, cette flamme (survie, passion, etc.) s’agite en nous et nous permet de soulever des montagnes.

*Crédit photo : Jessica L’Heureux

Est-ce que vous connaissez les étapes du changement ? Il ne s’agit pas de changer ou de rester immobile face à une situation, c’est beaucoup plus complexe … il s’agit d’un processus. Ainsi, cela implique du temps, une progression, des allers et des retours, afin de développer le comportement et/ou atteindre l’objectif souhaité.

Crédit photo : Jessica L’Heureux

Prochaska & DiClemente présentent un modèle en 6 phases non-linéaires. Les stades du changement peuvent être décrits de cette manière:

(1) Pré-contemplation

La personne ne pense pas avoir de problèmes. Elle n’envisage pas de changer de comportement, dont elle ressent essentiellement des bénéfices.

(2) Contemplation

À ce stade, commence à se manifester l’ambivalence. La personne envisage un changement de comportement mais elle hésite à renoncer aux bénéfices de la situation actuelle (zone de confort*). On parle alors de balance décisionnelle, qui amène à comparer les pours et les contres d’un changement avec ceux de son comportement actuel.

(3) Préparation

À ce stade, la personne se sent prête à démarrer la phase d’action dans un futur proche; elle détermine des décisions et commence à les mettre en place dans le temps. La personne s’engage à apporter le changement à l’habitude visée puisqu’elle croit pouvoir y arriver. Elle met en place les conditions pour être en mesure de passer à l’action prochainement et en fait part à son réseau social/de soutien.

*Crédit photo : Jessica L’Heureux

(4) Action

Le changement est engagé vers des modifications de son comportement. Certaines difficultés peuvent être parfois présentes, ainsi le soutien et l’encouragement sont nécessaires. La personne adopte le changement souhaité selon la stratégie choisie.

(5) Maintien

À cette phase de consolidation, il convient de rester patient envers-soi car il est parfois tentant de retourner au comportement antérieur. La personne maintient l’adoption du comportement et ainsi modifie son pattern comportemental.

(6) Rechute

Le retour en arrière/les remises en question sont possibles et font partie du processus normal de changement, et même au sens plus large de tous les apprentissages de la vie.

Lorsque nous prenons conscience de ces étapes et de ces différentes zones de confort, de peur, d’apprentissages et de possibilités (grandeur) que nous sommes accompagnés par l’humain, assisté par des congénères humains/équins, les jugements (le mental) tombent et cela nous permet de se déployer/s’observer/changer avec plus de satisfaction et de légèreté.

Il est intéressant de connaître à quel stade de changement nous nous situons ou la personne aidée de manière à offrir des arguments, des motivations, des astuces pouvant l’aider à franchir les étapes. Il s’agit du même processus pour un enseignant face à une démarche d’apprentissage, d’un entraîneur face à un athlète ou un partenaire équin, d’un professionnel de la santé face au rétablissement de son patient.

Pourquoi se juger si fort, se sous-estimer, et souhaiter déjà être au fil d’arrivé alors que le chemin d’apprentissage est un processus, une quête vers plus de connexion à soi, plus d’estime de soi, plus de développement de nos ressources intérieures, reconnecter à nos forces IVA (values and action), etc.

Ainsi, auto-compassion (Karuna) envers nous-mêmes, de notre rythme. Le parcours de ces étapes ne se franchit pas nécessairement de façon linéaire, on peut sauter des étapes, voir même parfois reculer, pour bondir de nouveau vers l’avant.

Il importe de se rappeler que nous avons l’ensemble de ces ressources intérieures en soi, que le temps est un allié précieux et de s’autoriser avec bienveillance à aller chercher de l’aide lors de plus importantes traversées de notre vie. Les chevaux sont un groupe de congénères qui s’harmonisent ensemble. Ainsi, pourquoi ne pas prendre exemple sur ce besoin de soutien, de groupe, de solidarité au lieu d’entamer ce chemin seul.

*Crédit photo : Élodie Desrochers

Selon Linda Kohanov, pionnière de l’apprentissage facilité par le cheval, l’entraide n’est pas une exception à la règle, mais bien une loi fondamentale de la nature, dont nous inspire ces précieux partenaires équins. Permettons-nous de nous en inspirer et de calmer nos conditionnements mentaux de s’obliger à faire ce chemin seul. La sociabilité est le plus grand avantage dans la lutte pour la vie et l’évolution.

Êtes-vous ou quelqu’un que vous connaissez prêts à franchir l’étape suivante vers un mieux- être? Cheval Karuna offre une variété de programmes pour enfants, adolescents et adultes accompagné des chevaux afin d’alléger ce chemin. En savoir plus sur nos programmes je vous invite à m’écrire chevalkaruna@gmail.com ou à visiter le site internet : chevalkaruna.com.

Références :

Prochaska, JO, DiClemente, CC. The transtheoretical approach: crossing traditional boundaries of therapy. Homewood, IL: Dow Jones-Irwin; 1984. Prochaska, JO,

DiClemente, CC, Norcross GC. In search of How People Change: Applications to addictive behaviors. American Psychologist; 1992.

Les émotions sont nos alliées

Le rôle de nos émotions :

Longtemps mes émotions ont été pour moi une source d’inconfort. J’étais trop … trop intense, trop sensible, trop émotive, etc. J’étais constamment submergée, envahie, dévastée par l’ampleur de mes émotions. Ne sachant pas trop quoi en faire, je me suis engagée dans des études en psychologie afin d’apprendre à maîtriser la « bête ». Plus je tentais de freiner mes émotions désagréables et plus leur intensité était décuplée.

Il y a quelques années j’ai fait la connaissance d’une approche théorique qui allait changer ma vie et ma relation avec mes émotions. J’ai enfin compris le grand rôle des émotions et des sentiments grâce à l’apprentissage de la Communication Non Violente (CNV) de Marshall Rosenberg, communément appelé la communication consciente.

Les émotions sont des indicateurs de ce qui se passe en nous. De la même manière que dans une voiture, les voyants lumineux sur le tableau de bord nous renseignent sur l’état de notre voiture. Par exemple, s’il n’y a plus d’essence, le voyant lumineux s’allume pour me prévenir que la voiture a besoin d’essence afin de continuer d’avancer. Quand je vais faire le plein d’essence, le voyant s’éteint et la voiture peut continuer à rouler.

À l’intérieur de moi, mes sensations et mes émotions sont comme des voyants lumineux du tableau de bord de ma vie. Si je ressens des émotions agréables (ex : la joie) cela m’indique que mes besoins sont comblés, satisfaits. Si je ressens des émotions désagréables (ex : la colère), cela me renseigne sur mes besoins à satisfaire ou à prendre soin. Grâce à mes émotions je peux ainsi consciemment orienter mes actions concrètes à entreprendre ou à faire des demandes à autrui au service de mes besoins.

Ne pas ressentir, c’est comparable à conduire en niant les voyants lumineux qui clignotent sur le tableau de bord de ma voiture. Est-ce qu’il t’est déjà arrivé de fermer les yeux sur les voyants lumineux en niant leur présence ? Je suis persuadée que oui ! Parfois on préfère ne pas voir, ne pas ressentir, ne pas prendre contact … ayant peur de devoir prendre la responsabilité de ce qu’il y a à prendre soin en nous (ou pour notre voiture). La peur, cette fameuse peur … qui s’invite régulièrement pour nous détourner du chemin. Ne pas porter attention aux signaux sur le tableau de bord de notre voiture augmente considérablement le risque de vivre une sortie de route (perte de sens dans ma vie, …) une panne d’essence (épuisement, burn out ou maladie) ou un accident avec un autre conducteur (conflit relationnel, violence, etc.).

Les émotions sont des alliées, des indicateurs à mon service pour m’aider à prendre soin de ce qui est important pour moi, de ma vitalité. Gratitude à mes émotions, mes guides, pour m’aider à orienter mon chemin, accueillir, identifier et me responsabiliser face à mes besoins. Merci à mes émotions de m’aider à conserver mon cap intérieur, ma vitalité, ma paix et l’amour de moi, avec suffisamment de bienveillance comme je l’offre aux autres.

Les animaux, les chevaux plus spécifiquement, sont des grands maîtres du moment présent, de l’écoute intérieur de leurs signaux afin d’orienter leurs actions vers la satisfactions de leurs besoins. L’observation de leurs comportements en notre présence permet également parfois de percevoir ce que nous ne parvenons pas nous-mêmes à identifier et à reconnaître en nous. Les chevaux étant des animaux de proie l’écoute de leur extrême sensibilité est une FORCE dans le troupeau pour préserver la vie. Pourquoi pour l’être humain il s’agit bien souvent d’une vulnérabilité à cacher ? La réflexion est intéressante … Cheval Karuna (compassion / auto compassion) offre des séances qui visent à accompagner les participants dans cette exploration et cet apprentissage à observer, accueillir, apprivoiser et décoder consciemment ses émotions, ces alliées puissants de notre vitalité et de notre bien-être.

Caroline Martel, enseignante de psychologie & médiatrice équine.

Cheval Karuna – du cheval à l’âme – Pour plus d’info : chevalkaruna@gmail.com